Une bande dessinée sur l’histoire d’Auschwitz entre 1944 et 1947 en préparation au lycée Sophie Berthelot de Calais

Cette année scolaire 2024-2025, 48 élèves de Terminale générale et technologique du lycée Sophie Berthelot de Calais participent à un projet intitulé « Auschwitz de l’été 1944 à l’été 1947 : départs ». Dans le cadre des commémorations du 80ème anniversaire de la découverte du camp d’Auschwitz par l’armée soviétique, l’objectif est d’étudier cet événement en le replaçant dans un temps plus long de l’histoire du camp. La période étudiée commence à l’été 1944, période à laquelle ont lieu les premiers transferts de déportés vers l’Ouest et s’achève à l’été 1947 qui voit Auschwitz devenir un musée. Le fil conducteur de l’étude est le départ qui scande la vie du camp : arrivées de déportés, transferts d’autres, évasions, préparations liées à la liquidation du camp, marches de la mort, arrivée des Soviétiques, rapatriement et réintégration des rescapés dans leur pays.

Le projet porte aussi une dimension mémorielle. Les élèves ont eu la charge de l’organisation de la cérémonie du 27 janvier 2025, journée de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’humanité, au lycée. Au cours de cette cérémonie d’une heure trente, ils sont revenus sur le contexte de la découverte du camp, sur les problématiques liées au retour des déportés et ont réfléchi sur l’évolution de l’antisémitisme depuis 1945. Les élèves de spécialité musique ont chanté le chant des marais et Kwibuka, un chant écrit par Gaël Faye sur le génocide au Rwanda.

Par ailleurs, les élèves de Terminale technologique ont aussi présenté une exposition à partir de leur visite du Mémorial de la Shoah, au cours de laquelle ils ont participé à deux ateliers sur « les préjugés au quotidien et dans l’histoire » et « la fabrique du complot ».

A partir d’un jeu de cartes, les élèves s’initient aux théories du complot au Mémorial de la Shoah, le 22 novembre 2024.

                Afin de préparer le voyage d’étude en Pologne, les élèves ont, une heure par semaine entre octobre et mars, travaillé sur différentes thématiques liées au sujet : l’antisémitisme européen comme point de départ de la Shoah, les étapes de la destruction de Juifs, Auschwitz comme « métonymie de la Shoah » (Wieviorka) et « anomalie dans la destruction des Juifs d’Europe » (Bruttmann) et l’histoire du camp entre 1944 et 1947.

Ils ont aussi bénéficié de trois conférences sur le thème de la Shoah. Le 14 octobre, Rudy Rigaut, correspondant régional du Mémorial de la Shoah pour les Hauts-de-France est venu au lycée leur présenter l’itinéraire d’André Gherschel, ancien maire de Calais, déporté et assassiné à Auschwitz. Le 9 décembre, Tal Bruttmann, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme, a donné deux conférences sur l’histoire d’Auschwitz et la bande dessinée face à la Shoah.

En atelier pour reconnaître les lieux emblématiques de Birkenau à partir d’une photographie aérienne de 1944 avec l’historien Tal Bruttmann

                Durant leur séjour en Pologne, les élèves ont visité l’ancien quartier juif de Kazimierz et particulièrement la synagogue Remu. Ils se sont initiés à la gastronomie juive lors d’un déjeuner au restaurant Klezmer Hoïs. Cela leur a apporté un éclairage sur la vie juive d’avant-guerre, mais aussi sur le vide laissé par l’assassinat de milliers de personnes.

Ils ont aussi découvert le quartier de Podgorze, transformé en ghetto par les nazis entre 1941 et 1943. La visite du musée Oskar Schindler à Cracovie a permis de découvrir le parcours de cet industriel allemand qui a sauvé plus d’un millier de Juifs et de mieux comprendre la vie quotidienne à Cracovie sous l’occupation nazie.

La visite du camp d’Auschwitz-Birkenau et de son centre de mise à mort a profondément marqué les esprits et a poussé les élèves à réfléchir sur la mémorialisation et la patrimonialisation du plus grand cimetière d’Europe.

Enfin, les élèves ont découvert le camp de Plaszow, un camp de travail forcé transformé en camp de concentration, dans lequel les Juifs du ghetto de Cracovie furent envoyés lors de sa liquidation. C’est à Plaszow que se trouvaient les Juifs sauvés par Oskar Schindler. Ils ont découvert l’exploitation des Juifs et des Polonais dans un camp de travail et se sont interrogés sur la manière de patrimonialiser un site qui ne porte plus de traces visibles de son passé.

Les élèves consultent le livre des noms des victimes de la Shoah dans le pavillon 27 d’Auschwitz I.

                De retour en France, les élèves ont à charge de réaliser une bande dessinée qui retrace l’histoire d’Auschwitz entre 1944 et 1947. Les élèves de Terminale générale travaillent en groupes à partir de photographies du camp comme l’album d’Auschwitz, l’album d’Höcker, les photographies du Sonderkommando ou celles de la commission extraordinaire d’enquête soviétique.

Les élèves de STMG travaillent à partir de textes ou de dessins sur le thème des animaux du camp (chiens, poux, rats…).

Ce projet est soutenu par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, le Ministère des Armées et la Municipalité de Calais. Il est labellisé dans le cadre du 80ème anniversaire des débarquements, de la Libération de la France et de la Victoire.

Céline Olszewski

Professeur au lycée Berthelot