« Quand la littérature nous rend moins seuls », rencontre avec Yasmina Khadra au Lycée professionnel Émile ZOLA de Wattrelos

RENCONTRE AVEC YASMINA KHADRA (18 novembre 2019)
A l’initiative de Mme Barbieux et de Mme Chayani, enseignantes au Lycée Professionnel de Wattrelos, une trentaine d’élèves de 2nde GATL (gestion, administration, transports, logistique) et de 1ère PC ont accueilli lundi 18 novembre l’écrivain Yasmina Khadra au sein de l’établissement.
Un échange où les élèves ont cherché à comprendre d’où venait chez l’auteur sa passion pour l’écriture, son usage de la langue française, ses sources d’inspiration, sa capacité à imaginer et à construire des histoires. Comment un auteur se nourrit-il de sa propre histoire, de celles des autres, comment parvient-il à toucher ses lecteurs, et d’abord qui sont-ils ?
Yasmina Khadra s’est adressé avec simplicité et passion à ces élèves en leur livrant une part de lui même, que seule l’intimité d’un auteur avec son lecteur permet. Tout d’abord l’enfance, la figure du père, la rencontre avec des enseignants qui ont, dit-il, bouleversé sa vie « Je suis né pour écrire. La vénération du verbe, de la littérature, c’était organique. Je n’ai pas voulu décevoir mon père, je suis devenu militaire, mais j’ai réalisé mon rêve… Si je n’avais pas écrit, je ne serai pas aussi heureux que je le suis. »
Il ajoute « Quand je me retrouve face à mes anciens professeurs, je redeviens l’enfant que j’ai été. Ils m’ont aidé à être ce que je suis…grâce à mon instituteur, j’ai découvert la merveille de la langue française. ..le choc affectif que j’ai eu avec lui était extraordinaire. Vos meilleurs alliés ce sont vos enseignants, et vos meilleures armes, vos diplômes ».

« L’inspiration ? », demande Jeanne.
« Jeanne, il suffit de plonger dans vos yeux !…tout m’inspire ».
Yasmina Khadra encourage les élèves. Chacun d’entre eux, dit-il, « est un défi, est une histoire ». Cette histoire s’écrit avec la volonté, la croyance et la confiance en soi, la conviction, au plus profond de soi, que tout est possible. Ce message d’encouragement, Cloni l’a reçu « Il est venu nous dire qu’on peut réussir dans nos vies. Il a raison, il faut avoir de l’ambition, il faut s’accrocher… apprendre, ça rend plus fort ».
Arthur « Lire, c’est difficile. Avant on ne le connaissait pas ; nous on lit pas, on n’a pas l’habitude de voir des écrivains algériens ! ».
Lire, c’est approcher une langue travaillée, « ce n’est pas possible sur la toile, c’est trop fragmenté… Dieu a crée l’univers, l’homme a créé le livre ».
Justine commente les propos de l’écrivain en déclarant qu’ « écrire, c’est un moyen de s’évader, il crée des personnages, et nous , dans la vraie vie, on peut se reconnaître. »
Arthur ajoute : « Oui, on se reconnait».
Zachari « C’est rare de rencontrer une star. Il faut croire à l’amour. »
Cloni « Il a parlé de détestation. La détestation, ça peut aller loin! ça fait des conflits, peut-être des morts »
Alexis « On peut détester et haïr, jamais pour une petite chose… ça donne des guerres ».

Yasmina Khadra s’est adressé aux lycéens comme aux acteurs de demain, en croyant en leur éveil et leurs combats.
« J’adore rencontrer des jeunes. En vous regardant, j’essaie de voir le monde dans 30 ans. J’aimerais tellement que les jeunes soient heureux. Vous êtes la première génération de l’histoire de l’humanité à comprendre que nous pouvons vivre ensemble, vous avez compris que cela est nécessaire. C’est ça la maturité !! … Moi, je n’ai jamais réussi à haïr».
Djibril « Il a dit que nous sommes une bonne génération »
Saïda « Une génération mature ! »
Cloni « « On voit tout, comme les adultes. On a la même vision que les adultes. Oui, on peut vivre tous ensemble, en équipe. On vit avec plusieurs nationalités, plusieurs religions. C’est mieux, on se mélange ! ».
« La littérature peut nous aider à trouver le meilleur de ce qui est en nous » . Yasmina Khadra a reconnu qu’il existe des livres et des paroles « maléfiques ». A nous de rester éveillés. Pour lui , le message est clair : chercher notre part de bonheur avec ceux qui nous aiment, aller vers ce qui nous émerveille, chercher à être lucides, pour avancer.
« Aucun paradis ne vaut une goutte de sang ; croire, c’est ne jamais renoncer, la difficulté doit nous faire avancer ».
Cette rencontre, empreinte de bienveillance, a permis aux élèves d’entendre des propos sensibles et encourageants, comme un écho de nos parcours individuels. Des paroles croisées pour réaffirmer que la littérature nous rend moins seuls.
Arthur :« Maintenant, on sait qu’il existe ».